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ZANZIBAR – ECOUTER LE CHAPITRE 1

Voici les premières pages du roman de Zanzibar…
Saurez-vous reconnaître les deux voix?

- Bonjour, je suis Philippe Dubois, votre professeur de français pour cette année qui commence… Et nous allons tout de suite démarrer le cours avec ce texte.
« DE LA DIFFICULTÉ QU’IL Y A À IMAGINER UNE CITÉ IDÉALE »
L’écrivain Georges Perec aimerait que nous vivions tous à Zanzibar… »
« Vous comprenez, chers élèves, pour Georges Perec, la cité idéale n’est ni en France, ni en Amérique. Le lieu parfait, c’est Zanzibar ! Un mot qui fait rêver… Beau comme on n’imagine pas… Et pourquoi Zanzibar ? Tout simplement parce que, là-bas, nous vivrons tous ensemble, ENSEMBLE ! Et c’est ça l’essentiel : la fraternité… »

- D’accord, monsieur. Et si on se barrait, tous, là-bas ?
- Où ça ?
- A Zanzibar !
- A Zanzibar ?
- Oui, à Zanzibar ! Ce serait génial !
- Arrêtons de plaisanter, voyons… Soyez sérieux !
- Mais je suis sérieux, monsieur, à deux cent pour cent ! Ici, on va s’ennuyer toute l’année…
- Eh bien, allez-y, si vous en avez envie ! Pourquoi pas ? Moi, je resterai là, à préparer vos camarades au devoir commun qui est prévu en octobre…
- Ah non, monsieur ! Pas question !
- Comment ça, pas question ?
- Georges Perec est catégorique : il faut qu’on y aille tous, ensemble ! Relisez, ligne 26 : « …que nous vivions TOUS à Zanzibar… » TOUS !
- D’accord… Vos camarades peuvent vous accompagner ! Vous avez ma bénédiction !
- Mais bien sûr que toute la classe partira, monsieur ! Et vous aussi ! Vous devez venir, monsieur. C’est marqué dans le dernier vers : « TOUS », ça veut bien dire ce que ça veut dire…
- Après tout… Pourquoi pas ? Je viendrai avec vous. Au fait, on part quand ?
- Cette nuit, monsieur.
- Ok, ok… Et, euh, petit détail… On y va comment ? En avion ?
- Non !
- En bateau ?
- Non plus !
- On y va comment, alors ?
- En camping-car ! J’ai toujours rêvé d’avoir un camping-car !
- Tu te moques de moi ?
- Non, monsieur. Pas le moins du monde. Vous connaissez l’entreprise qui vend des camping-cars, près de Cambrai, vous passez devant tous les jours. A minuit, on fracture la porte. On « emprunte » cinq ou six véhicules, et on trace. Droit vers le sud. Quand le propriétaire se rendra compte du vol, le lendemain matin, on sera loin.
- Mais enfin… Vous n’avez pas votre permis !
- Pas grave, je m’en fiche. Je sais conduire. J’ai déjà seize ans, et j’ai pris des cours dans une auto-école, pour faire la conduite accompagnée. Et mes copains aussi. C’est vrai qu’on n’a pas encore le permis, mais ce n’est qu’un point de détail, sans importance. Faudra juste éviter que les flics nous rattrapent.